La Commission européenne enquête sur les récentes mesures prises par le gouvernement italien pour restreindre le commerce du CBD et des fleurs de chanvre. Cette action fait suite à de nombreuses plaintes déposées par des parties prenantes qui estiment que ces mesures sont susceptibles d’enfreindre la réglementation de l’UE. La décision du gouvernement italien, motivée par ses dirigeants d’extrême droite, a suscité de vives inquiétudes, d’autant plus que l’Italie joue un rôle crucial sur les marchés européens du chanvre industriel et du CBD.
La décision de l’Italie d’interdire le CBD et les fleurs de chanvre
L’administration du Premier ministre Giorgia Meloni a conçu une stratégie à deux volets pour éradiquer le marché légal des fleurs de chanvre au sein de l’UE. Bien qu’elles ne soient pas psychoactives, les fleurs de chanvre industriel sont utilisées pour la production de CBD et commercialisées en Italie sous le nom de « cannabis light », attirant ainsi ceux qui recherchent les bienfaits des cannabinoïdes sans effets psychoactifs. Si cet amendement est adopté, il pourrait démanteler le marché italien du CBD et des fleurs de chanvre en supprimant leurs principales sources d’approvisionnement.
En plus de la mesure législative, un décret mis en œuvre le 5 août 2024 a déjà tenté de classer le CBD comme une substance narcotique, interdisant de fait tout produit contenant du CBD destiné à la consommation interne. Cet effort réglementaire souligne la position stricte du gouvernement italien à l’égard du CBD.
Implications juridiques et économiques
L’un des principaux arguments opposés aux efforts de l’Italie est qu’ils sont en contradiction avec les lois de l’Union européenne sur la libre circulation des marchandises et la concurrence loyale. Canapa Sativa Italia, qui représente l’industrie du chanvre, a déposé une plainte officielle auprès de la Commission européenne, affirmant que les actions de l’Italie violent la politique agricole commune de l’UE et menacent la concurrence loyale au sein du marché européen.
Pour ajouter à la complexité de la situation, la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) a statué que les extraits de chanvre, y compris les feuilles et les fleurs, ne devaient pas être classés comme stupéfiants. Cet arrêt souligne que ces extraits, y compris le CBD, sont légaux et commercialisables au sein de l’UE. En conséquence, de nombreux États membres de l’UE, dont la France et l’Italie, ont dû réviser leur législation nationale pour s’aligner sur cette décision.
Conséquences potentielles pour diverses industries
La proposition d’interdiction actuelle en Italie, si elle est adoptée, pourrait avoir des conséquences importantes pour plusieurs industries qui dépendent des produits à base de CBD. Cependant, en 2021, l’inclusion du CBD dans Cosing, la base de données européenne pour les formulations cosmétiques, a été approuvée, indiquant que l’ingrédient est sûr et légal pour une utilisation dans les cosmétiques. Cette approbation contraste fortement avec les interdictions proposées, ajoutant une nouvelle couche de controverse.
Réponse de la Commission européenne
L’enquête de la Commission européenne est suivie de près par les acteurs de l’industrie du chanvre et du CBD. Valentina Palmisano, membre italienne du Parlement européen, s’est déclarée satisfaite de l’engagement de la Commission sur cette question. Elle a souligné que l’amendement contredit l’arrêt de la CJCE de 2021 et s’oppose aux règlements de l’UE qui soutiennent le commerce et la production légaux de fleurs de chanvre et de produits à base de CBD.
L’enquête de la Commission examinera les plaintes de nombreux acteurs italiens affirmant que les actions du gouvernement pourraient nuire à l’industrie du chanvre de l’UE dans son ensemble. Si l’enquête conclut que l’interdiction proposée par l’Italie est contraire à la législation européenne, elle pourrait empêcher la mise en œuvre de ces mesures restrictives, protégeant ainsi les marchés italien et européen du CBD de nouvelles perturbations.
Alors que le gouvernement italien poursuit des mesures strictes contre le CBD et les fleurs de chanvre, l’enquête de la Commission européenne offre une lueur d’espoir aux défenseurs de l’industrie. Que les propositions de l’Italie soient maintenues ou non, la décision aura sans aucun doute un impact durable sur le paysage futur du marché européen du CBD.