Les scientifiques ne cessent d’explorer des moyens novateurs d’utiliser les déchets issus de la production de cannabis médicinal. Leur dernier objectif est de transformer ces sous-produits en pesticides biologiques durables pour lutter contre les maladies qui affectent les oliviers. Ces efforts s’inscrivent dans le cadre d’objectifs plus larges de promotion de la durabilité environnementale et de réduction de la dépendance à l’égard des produits chimiques synthétiques.
Les promesses des sous-produits du cannabis
Dans le domaine de la production de cannabis médicinal, les fleurs de la plante font l’objet d’une grande attention en raison de leurs vertus thérapeutiques. Cependant, les feuilles, les tiges et les racines sont souvent jetées alors qu’elles contiennent des composés potentiellement précieux. Cette biomasse jetée peut être réutilisée, offrant une ressource prometteuse pour le développement de solutions vertes dans l’agriculture.
Le projet mené par des chercheurs de l’Universidade Nova de Lisboa vise à exploiter ces résidus de cannabis. En extrayant les composés bioactifs à l’aide de solvants verts – unealternative moins toxique fabriquée à partir de ressources renouvelables – ils espèrent créer des biopesticides efficaces. L’un des principaux avantages de cette méthode est qu’elle s’aligne sur les processus de développement durable, minimisant ainsi l’impact sur l’environnement.
Utilisation de solvants verts
Les solvants verts, ou solvants eutectiques profonds, sont la clé de ce processus d’extraction. Ces solutions liquides avancées sont issues de molécules naturelles et constituent des alternatives respectueuses de l’environnement aux solvants organiques traditionnels. Contrairement aux méthodes conventionnelles, les solvants verts ne présentent pas de risques importants pour la santé, ce qui contribue à des pratiques d’extraction plus sûres et plus durables.
Ana Rita Duarte, du Laboratoire de chimie verte, souligne que l’intégration de ces technologies durables peut révolutionner notre approche de la lutte contre les parasites agricoles. L’objectif principal du projet est de déterminer si des parties inutilisées de la plante de cannabis pourraient offrir des défenses chimiques contre des agents pathogènes spécifiques qui nuisent aux cultures d’oliviers.
Combattre les maladies de l’olivier
Parmi les principaux ennemis de l’oléiculture figurent la gafa et la tuberculose. La gafa, une maladie causée par des infections fongiques, présente de graves risques pour les rendements et la qualité des récoltes. Elle menace non seulement les intérêts économiques, mais aussi la diversité génétique des variétés indigènes d’oliviers, dont certaines sont très sensibles à cette maladie.
La tuberculose des oliviers résulte d’invasions bactériennes dans les plaies des troncs ou des branches, entraînant la formation de tumeurs. La lutte contre ces deux maladies est essentielle pour maintenir des oliveraies saines et assurer la viabilité à long terme de la production d’huile d’olive.
Des alternatives durables aux pesticides chimiques
Le marché actuel contient principalement des pesticides chimiques synthétisés pour lutter contre ces maladies. Cependant, leur efficacité s’amenuise et l’on s’oriente de plus en plus vers une réduction réglementaire, comme le préconise la Commission européenne, qui a proposé de réduire de moitié l’utilisation des pesticides traditionnels d’ici à 2030.
Cette évolution souligne l’urgence de développer des alternatives fiables. Les biopesticides dérivés des sous-produits du cannabis représentent l’une de ces solutions innovantes. Cristina Azevedo, du département des nouveaux pesticides biologiques, soutient cette initiative, reconnaissant sa contribution potentielle à la réalisation des objectifs en matière de biodiversité et à la réduction de l’utilisation des pesticides chimiques.
Des innovations vertes qui vont de l’avant
L’expansion de l’industrie du cannabis médicinal offre une occasion opportune d’exploiter des matières végétales sous-utilisées. Des projets comme ValorCannBio, impliquant des partenaires tels que GreenBePharma et AGR Global, illustrent cette volonté de mettre en place des stratégies de lutte antiparasitaire écologiquement rationnelles. En exploitant les sous-produits de la culture du cannabis, ils visent à relever des défis agricoles urgents tout en respectant les objectifs environnementaux stricts fixés par l’Union européenne.
Dans l’ensemble, le mouvement en faveur de l’utilisation des sous-produits du cannabis dans la production de biopesticides symbolise une avancée significative dans le domaine de la science agricole. Il laisse entrevoir un avenir où les pratiques agricoles s’aligneront étroitement sur les principes écologiques, en exploitant les matières naturelles dans le but de mettre en place des systèmes de production alimentaire plus durables.
L’impact plus large sur l’agriculture
Au-delà de la culture de l’olivier, les connaissances acquises grâce à cette recherche ont des implications plus larges pour divers secteurs agricoles. L’exploration de l’utilité des solvants verts et de l’extraction de composés bioactifs pourrait inspirer des initiatives similaires dans différents types de cultures, favorisant ainsi l’adoption à grande échelle de solutions de lutte antiparasitaire respectueuses de l’environnement.
En outre, l’intégration de la biotechnologie dans les pratiques agricoles ouvre la voie à d’autres innovations. Elle met en évidence le rôle de la collaboration interdisciplinaire pour repousser les limites du possible en matière d’agriculture et de lutte contre les ravageurs, afin de garantir la résistance et la productivité des cultures vitales.